Tsiandamba … étape imprévue.
Anakao / Morondava en pirogue – 2
Deuxième partie : Mangily / Tsiandamba
La passe.

La passe franchie, les vagues causées par le récif corallien passées, nous naviguons tranquillement, sourire aux lèvres.
Et cette dernière tentative s’avère être la bonne. Ballottée de toute part par les mauvaises vagues de la passe, malmenée par le vent fort, le dernier bord tiré nous permet de franchir de justesse la passe et de nous retrouver hors du lagon, je dirais presque en haute mer tellement le ring et les grosses vaguelettes contrastent avec les calme relatif du lagon.
Un large sourire éclaire nos visages, car nous savons maintenant, du moins, Julien et Gilles savent que ce n’est plus qu’une question de « bon vent » et de temps pour rejoindre le village de Salary qui est le but de notre journée.
Le bonheur.
Bien que nous ayons perdu énormément de temps pour franchir cette maudite passe, Julien me confirme que, grâce au fort vent relativement favorable, nous serons à Salary en fin d’après-midi. En effet, la pirogue file bon train et Gilles, en équilibre sur le flotteur se démène comme un beau diable pour maintenir la pirogue le plus à plat possible. Il me fait incontestablement penser au passager des side-cars de compétition qu’on appelle « le singe », qui passe de la moto au side afin de maintenir celui-ci le plus à plat possible.
Le soleil hivernal du mois d’août brille, nous sommes tous 3 en maillot de bain et profitons pleinement de la vitesse de la pirogue et des embruns que nous envoient les vagues qui se brisent sur l’étrave de la pirogue. De temps en temps, j’allume une cigarette pour Gilles, car c’est moi qui les garde au sec ainsi que les allumettes.
Vent et courants.

Voile bien gonflée, une mer assez clémente, c’est un réel plaisir que de naviguer au large dans ces conditions.
Voilà une bonne heure que nous maintenons cette allure lorsque nous commençons à sentir le vent faiblir considérablement, la mer devenir de plus en plus lisse et notre embarcation aller de moins en moins vite. Puis, presque brutalement, le vent tombe littéralement et nous laisse quasiment sur place. Le soleil commence à décliner. La côte est à peine visible. La mer est devenue d’huile. Je jette un regard à Julien…. Je comprends à son expression que nous ne dormirons pas à Salary ce soir.
Gilles et Julien s’emparent des pagaies et commencent à ramer en direction de la côte. A la vitesse à laquelle nous avançons, j’estime que nous aurons tout juste le temps d’accoster et d’improviser un bivouac sous la voile de la pirogue comme savent le faire les pécheurs nomades que sont les Vezo.
Mais c’était sans compter sur les courants… Afin de ne pas laisser tout le travail à mes piroguiers, je m’empare de la pagaie de secours et me joint à eux pour essayer de contrer au mieux le courant. Julien m’explique que cela ne servira à rien de lutter contre le courant, mais autant en profiter et se laisser porter tout en essayant de se rapprocher au mieux de la côte. Ce sera plus long, mais d’une part, nous serons moins fatigués et d’autre part, cela nous rapprochera de notre but.
Nuit et froid.
Il est maintenant 17h30. Le soleil est en train de plonger derrière l’horizon. Nous avons remis nos t-shirt depuis un bon moment, et commençons à nous rhabiller plus chaudement. Nous ne sommes plus très éloignés de la côte. Plus le temps passe, plus j’enfile des épaisseurs : j’en suis à 2 polaires et 1 Gore Tex. Je n’aurais jamais pensé qu’il puisse faire aussi froid la nuit en mer à cette époque dans cette région.
21h…. Nous ramons toujours. Le courant est toujours contre nous. Julien m’assure que dans un moment, on ne le ressentira plus et que nous pourrons aller plus vite sur la côte. J’en suis très heureux… Cela fait maintenant 13 heures que nous sommes sur l’eau. Les bancs de la pirogue sont très étroits et je commence à ne plus savoir sur quelle fesse m’asseoir… !

Quelques derniers rayons de soleil rougissent encore les nuages bas juste avant la nuit noire sans lune.
Tsiandamba.
Plus un bruit sur l’eau… Plus de lumière non plus… La marée est basse… Tous les sens de Julien sont aux aguets. Il ne voit rien, mais connaît ce coin comme sa poche. Il navigue à l’aveugle entre les bancs de sable. On devine la côte toute proche. Je ne comprends pas pourquoi il ne tire pas directement vers elle… et qu’on en finisse.
22h30 : je comprends enfin son plan : il a contourné un banc de sable afin d’accoster dans une crique sur les dunes de laquelle je peux deviner des petites maisons typiques de pêcheurs. 23h. Nous accostons au petit village de Tsiandamba. Chapeau Julien… Dans le noir, sans GPS, sans étoiles, sans vent, par marée basse, il a su nous amener directement à bon port. !
Sur le « Raid en Pirogue Anakao / Morondava »
Billet 01 : Anakao / Mangily.
Billet 02 : Mangily / Tsiandamba. (Vous y êtes)
Billet 03 : Tsiandamba.
Billet 04 : Tsiandamba / Salary.
Billet 05 : Salary / Ambatomilo / Tampolové.
Billet 06 : Tampolové / Andavadoaka.
Billet 07 : Andavadoaka / Morombe.
Billet 08 : Morombe.
Billet 09 : Morombe / Andranopasy.
Billet 10 : Andranopasy / Belo sur Mer.
Billet 11 : Belo sur Mer / Morondava.
Billet 12 : Morondava / Tana
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