Anakao / Morondava en pirogue – 1
Première partie : Le départ.
Décision.
Au repos total depuis une semaine dans le petit village de pêcheurs d’Anakao, l’envie de bouger commence à se faire sentir, d’autant plus que je dois être à Tana dans 3 semaines. Devant un agréable T-punch avec Julien, le piroguier de Saint Augustin avec lequel je me suis lié d’amitié depuis plus d’un an, nous discutons de la possibilité de « remonter » la côte Ouest en pirogue jusqu’à Morondava. Cela représente environ 630 km de côte. De là, je pourrais regagner la capitale en taxi brousse.
Bien qu’il me propose de ne m’emmener que jusqu’à Morombe, soit, environ à la moitié du parcours, je décide de tenter l’aventure, d’autant plus que les vents sont favorables en ce mois d’août.
Départ.
Nous partons d’Anakao vers 07h30, dès que les vents porteurs arrivent et projetons de faire une halte au port de Mahavatse à Tuléar afin de faire le plein de provisions pour le voyage.
Comme d’habitude, le passage au large de l’embarcadère du port de Tuléar est assez mouvementé et nous arrivons mouillés à Mahavatse à 11h30..! Mes sacs étanches étant restés à Tana, j’ai pris le soin de protéger mes affaires dans plusieurs sacs plastiques bien ficelés et de ne garder que le strict nécessaire. Seuls mon téléphone et mes papiers ont bénéficiés du petit sac étanche qui ne me quitte jamais.
Mangily
Les courses sont vites faites : un « fatapera » (le réchaud des malgaches), un sac de charbon de bois (pour le réchaud), un gros sac de riz de 50kg… des légumes : oignons, aulx, tomates… et quelques bouteilles d’eau bouchées. Sans oublier une bouteille de « toaka gasy » (rhum local) pour les piroguiers.!Nous repartons sans traîner pour profiter des derniers souffles du vent afin de rallier Mangily ou nous avons décidés de passer la nuit, car il faut décoller tôt demain matin pour franchir la « passe de Mangily » avant que les vents ne tournent.
Nous accostons devant l’hôtel Vovo Telo ou nous passons la nuit dans un confortable bungalow. après un succulent repas de poisson arrosé de l’inévitable THB !
Arrêt technique.
Après une nuit mouvementée du fait que le « Boum Boum » de la boite de nuit contiguë à mon bungalow ne s’est arrêté qu’à 04h30…! C’est encore tout endormi que j’arrive à la pirogue que Julien et Gilles ont déjà chargée. Je n’ai que le temps de sauter dedans et nous voilà partis pour rejoindre Salary, but de notre première journée.A peine une petite demi heure que nous naviguons que Julien décide d’accoster sur un banc de sable accessible grâce à la marée basse, afin de remettre la voile en place, celle ci, en effet est en train de se détacher de la partie haute du mat, et ce n’est pas lorsque nous serons dans la passe qu’on pourra la remettre en place.! Cela nous prend une bonne demi heure. Lorsque nous reprenons la mer, le vent a passablement forci et légèrement tourné, ce qui inquiète un peu Julien pour le franchissement de la passe.
Passe de Mangily.
Arrivés à la passe de Mangily, les vents sont très défavorables, et nous devons naviguer pratiquement vent de face ce qui nous oblige à tirer des bords relativement serrés.
Les pirogues à balancier des Vezo sont parfaitement étudiées pour naviguer sur les eaux du lagon du golf du Mozambique sur cette côte Ouest, Mais autant elles sont performantes au portant, autant il est fastidieux de les barrer au prés serré. La manœuvre s’avère donc très délicate pour franchir cette passe délicate vent debout.
Par trois fois déjà, Julien, aidé de son co-équipier Gilles ont été repoussés par les déferlantes qui bordent la passe, et par trois fois ils ont du rebrousser chemin afin de remonter un peu plus au vent afin d’aborder au mieux l’étroit chemin qui permet de passer.

Julien reste concentré afin de prendre le bon cap en fonction de vents pour aborder au mieux la passe de Mangily
A chaque tentative, c’est plus d’une heure qui sont nécessaires aux différentes manœuvres délicates et complexes de la pirogue. A la quatrième tentative, lorsque l’embarcation se retrouve plusieurs minutes à la cap, ballottée par les vagues et le vent, le temps de changer d’amure, mon estomac n’a vraiment pas aimé ni supporté. Tout ce qui me restait à digérer de mon petit déjeuner pourtant déjà loin a servi de nourriture aux poissons du coin. Je n’ai eu que le temps de dire à Julien de ne pas s’en préoccuper et de rester concentré sur le franchissement de cette maudite passe.
Une fois revenu dans le lagon, plus calme, on se regarde, on s’interroge, je regarde l’heure : il est déjà 14h30… et le nuit tombe vers 17h et très vite, alors, je prends la décision de dire à Julien : « Ok, tu essayes une dernière fois, si ça passe, on fonce, si ça ne passe pas, c’est pas grave, on retourne dormir à Mangily et on repart demain matin un peu plus tôt ».
Sur le « Raid en Pirogue Anakao / Morondava »
Billet 01 : Anakao / Mangily. (vous y êtes)
Billet 02 : Mangily / Tsandamba.
Billet 03 : Tsandamba.
Billet 04 : Tsandamba / Salary.
Billet 05 : Salary / Ambatomilo / Tampolové.
Billet 06 : Tampolové / Andavadoaka.
Billet 07 : Andavadoaka / Morombe.
Billet 08 : Morombe.
Billet 09 : Morombe / Andranopasy.
Billet 10 : Andranopasy / Belo sur Mer.
Billet 11 : Belo sur Mer / Morondava.
Billet 12 : Morondava / Tana
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