Troisième partie : La colonisation et l’indépendance.
4. La colonisation française
L’impulsion par le Général Galliéni (1896 – 1905)
Doté des pleins pouvoirs, le général Gallieni, gouverneur de 1896 à 1905, ‘’pacifie’’ d’abord l’Ile avec brutalité (près de 100 000 morts sur une population totale de 2,5 millions d’habitants) et met en place une politique de colonisation dans tous les domaines :
– remplacement des gouverneurs Merina par des administrateurs français relayés par des cadresadministratifs locaux .
– encouragement de la migration européenne (colons, compagnies…) par l’octroi de concessions et l’élimination de la concurrence étrangère.
– réalisation de premières infrastructures (routes, voies ferrées, ports…) profitant surtout aux colons et à la métropole ;
– consolidation du ‘’Code de l’indigénat’’ ; développement de l’enseignement laïc chargé de promouvoir la langue française
et de former des fonctionnaires et ouvriers indigènes ;
– création de l’Ecole de médecine en 1897, de nombreux hôpitaux (14 en 1901, 129 en 1905) et de l’Assistance Médicale
Indigène (consultations et médicaments gratuits) ;
– amélioration du sort des habitants : suppression de privilèges, distribution de terres aux anciens esclaves, … ;
– fondation dès 1902 de l’Académie malgache, chargée de favoriser la préservation du patrimoine culturel malgache, etc.
La mise en valeur de la colonie (1907-1946)
Au départ de Gallieni, les grands axes de la politique coloniale sont tracés. Les gouverneurs généraux suivants mettent en place une administration efficace (création de 8 régions dans les années 1930, puis 6 qui constituent les provinces actuelles) et entreprennent le développement de l’Ile :
– Extension des voies de communication : routes (2 000 km en 1925, 15 000 en 1935), rail (Tananarive-Tamatave, Fianarantsoa- Manakara, …), aviation (liaisons avec la métropole et lignes intérieures dès 1936), ports aménagés (Tamatave, Diégo-Suarez, …) .
– Extension des cultures d’exportation : café (40 % des exportations), vanille, girofle, tabac, sisal, canne à sucre… .
– Exploitation de mines de graphite, mica et autres minéraux ‘’semi-précieux’’ .
– Politique de santé et d’urbanisation, qui entraîne un fort accroissement démographique : la population malgache double (5 millions habitants en 1958), celle de Tananarive triple (65 000 habitants en 1914, près de 200 000 en 1958) .
– Emprise de grandes compagnies européennes qui créent de multiples réseaux d’activités (rizières du lac Alaotra, sucreries du Nord et de Nosy Bé, exploitations forestières, plantations de coton, commerce de bovidés, etc.), et s’intéressent surtout aux bénéfices immédiats de l’import-export et du ‘’collectage’’ de produits malgaches (effectué via les petits commerçants de brousse chinois, indiens ou créoles).
Mais cette mise en valeur ne profite qu’aux Européens (35 000 au plus en 1940) et à une petite minorité de Malgaches (fonctionnaires, gros commerçants…).
Les petites exploitations agricoles indigènes sont marginalisées et ont du mal à satisfaire les seuls besoins familiaux. Le code de l’indigénat imposé pour les travaux d’intérêt général est de plus en plus mal supporté. L’hécatombe de la première guerre mondiale (4 000 tués sur 45.000 Malgaches mobilisés) et la propagation de la ‘’grippe espagnole’’ (des dizaines de milliers de morts) créent un traumatisme. La francisation forcée des écoles malgaches entraîne une forte baisse relative de la scolarisation. Le mécontentement s’étend et le nationalisme gagne du terrain.
5. L’indépendance
Le mouvement nationaliste
Dès 1913, des nationalistes, souvent médecins et intellectuels merina, forment la Vy vato sakelika (V.V.S : ‘’Fer, pierre, réseau’’), une société secrète militant pour la liberté et l’égalité des droits. Ses animateurs (notamment le pasteur Ravelojaona), sont arrêtés, condamnés, puis amnistiés en 1921.
Ensuite, après plusieurs échecs des demandes d’assimilation (a), le mouvement nationaliste se développe sous l’impulsion de Ralaimongo et de Ravoahangy.
A partir de 1946, le combat pour la restauration de l’indépendance est mené par le Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache (MDRM), dirigé par Raseta et Ravoahangy, qui remporte les premières élections générales de janvier 1947.
En mars 1947, éclate une insurrection, suivie d’une terrible répression entraînant la disparition de dizaine de milliers de personnes, la dissolution du MDRM et l’arrestation de ses dirigeants.
En 1922, Ralaimongo, animateur du journal L’Opi-nion et fondateur de la Ligue française pour l’accession des indigènes de Madagascar aux droits de citoyens français, réclame la transformation de l’île en département. En 1934, la publication La Nation Malgache, animée par Dussac et Ravoahangy. réclame la fin de l’indigénat et l’accession de tous à la citoyenneté française.
Le recouvrement de l’indépendance
Après la défaite en Indochine (1954), l’acheminement vers l’indépendance s’accélère :
– 1956 : la Loi-Cadre française (loi Deferre) prévoie des élections au suffrage universel et le transfert du pouvoir exécutif aux autorités locales.
– Juillet 1958 : Philibert Tsiranana, un député ‘’côtier’’, opposé à la restauration de l’ancienne hégémonie mérina, accède à la tête du gouvernement.
– Mai 1958 : un Congrès de l’indépendance réuni à Tamatave réclame une république unitaire et un statut analogue à celui des pays du Commonwealth britannique.
– Août 1958 : le général De Gaulle présente à Tananarive le projet de Communauté.
– Septembre 1958 : au référendum sur la constitution de la Ve République, 77 % de oui
– Octobre 1958 : un Congrès national proclame l’autonomie de la République malgache et adopte le drapeau, le blason et l’hymne du pays ; Tsiranana est élu président.
– 26 juin 1960 : proclamation de l’indépendance
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Première partie : Les Origines de Madagascar.
Deuxième partie : Les Royaumes Malgaches.
Troisième partie : La Colonisation Française. (Vous y êtes).
Quatrième partie : Les Républiques Malgaches.