Bon samaritain.
Je commençais à envisager toutes les possibilités, même les plus invraisemblables, lorsqu’un malgache d’une bonne trentaine d’année s’arrête près de moi avec sa vieille mobylette chinoise.
– « Bonjour Vazaha, la moto est en panne ? »
– « Ben oui, tu vois, j’ai la valve qui est coupée et je n’ai pas de chambre de rechange, je ne sais vraiment pas comment faire… je n’ai que quelques rustines et de la colle.. »
Il se penche sur la roue de la moto, réfléchis longuement en silence et me regarde en hochant la tête et me dit :
– « As tu une pompe ? »
A ma réponse négative, il me demande de l’attendre ici, qu’il va revenir avec le matériel…!
Une demi heure plus tard, nous le voyons revenir sur sa vieille mobylette chinoise accompagné de sa fillette, et surtout d’une superbe pompe à pied.!
Sans un mot, il se met à démonter le pneu puis ôter la chambre de la jante. A la vue de la triste mine que faisait la valve, je me demandais bien comment il allait s’y prendre pour rafistoler tout cela avec les quelques malheureuses rustines que je viens de lui donner.
Sentant bien qu’il n’apprécie pas trop que je le regarde travailler, je m’écarte un peu et le laisse opérer. Nous en profitons pour nous désaltérer.
Il ne lui a pas fallu plus d’un quart d’heure pour me présenter la chambre gonflée afin que j’aille vérifier dans une petite flaque d’eau si sa réparation fuyait ou non. A ma grande surprise, sa réparation est totalement étanche..!
Je lui donne un coup de main pour tout remonter, lui demande combien il veut pour ce dépannage, ses prétentions sont vraiment modestes, je décide de lui donner le double, ce qui nous vaut un grand sourire de reconnaissance. En fait, nous avions tous un très grand sourire de reconnaissance, nous ne savions pas qui de nous devait le plus à l’autre…
C’est ça Madagascar en brousse..!
Miandrivazo – Morondava
Nous remontons sur notre moto et reprenons notre route non sans une légère inquiétude quand à la longévité de la réparation. En effet, je n’ai jamais vu réparer une valve de chambre à air de roue de moto, et je reste dubitatif sur la possibilité de le faire. Toujours est il que la moto roule, et que j’ai les yeux plus souvent fixés sur mon pneu avant que sur la piste.
Bien entendu, nous avons considérablement réduit la cadence jusqu’à Malaimbandy, village ou nous retrouvons le goudron. A ce stade, il ne nous reste « plus que » 160 km à parcourir. Je me pose toujours la question à savoir si la réparation va tenir jusque là..!
Nous n’avons mis que 2h30 pour rejoindre Morondava sur cette route parsemée de « nids d’autruche » qui sont beaucoup plus facile à éviter en moto qu’en voiture.
Finalement, c’est le câble d’embrayage qui nous lâche gentiment devant le bar restaurant l’Oasis, chez Jean le Rasta. Et devant une bonne THB (bière locale), je me promet que la première chose à faire demain matin, est d’acheter une chambre neuve…!
Épilogue
Pour la petite histoire, j’ai réparé le câble d’embrayage avec un câble de frein de vélo et un domino électrique. J’ai acheté une chambre à air neuve (chinoise, mais….bon !!) et, les jours passant, le soleil, la mer, les langoustes, les caïpirina, je n’ai pas eu le courage de changer la chambre à air, et nous sommes repartis comme cela pour le voyage de retour vers Tana, soit un peu plus de 700 km…!
Ce n’est qu’à Tana, 2 jours après notre retour que j’ai fait changer cette chambre à air… qui commençait tout de même à fuir un peu…!
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